Tentative de réduction de la question de Dieu à une pathologie psychiatrique
N.B : On utilisera ici le terme « Dieu » pour décrire toute déité, qu’elle soit unique ou plurielle.
Tout le monde, au cours de sa vie, a eu l’occasion de remarquer le comportement aberrant des câbles électriques – qu’ils soient rallonges, câbles de microphone, mini-jacks d’écouteurs ou câbles USB – qui, dès qu’ils sont hors de portée des yeux humains, se tortillent, s’emmêlent, s’enroulent de manière totalement surréaliste, pour se retrouver, lorsque tu en as de nouveau besoin, réduits à une espèce de pelote de nœuds nécessitant de longues minutes de démêlage avant de pouvoir les utiliser.
Un incroyant tel que toi aurait vite fait de prendre en exemple cette stupide attitude pour étayer ta théorie de l’inexistence de Dieu – même si la présence sur notre planète des rognons ou de Natalie Portman, qui ne relève certainement que d’un hasard pour une fois bienveillant, pourrait faire pencher la balance de moins coriaces que toi dans l’autre sens. Toutefois, un croyant ne verra dans cette histoire de câbles – ainsi que, au hasard, dans celle des ouvertures faciles – que la volonté de son Dieu pour mettre à l’épreuve sa patience et sa foi. Ce qui, convenons-en, fait de ce Dieu qui se repaît des gesticulations de ses ouailles un personnage qui s’apparente quelque peu à un tortionnaire.
Il n’est alors pas très compliqué de déduire que tout croyant, par essence, souffre du syndrome de Stockholm – dans lequel, tu le rappelles à toutes fins utiles bien que l’ensemble de tes deux lecteurs sache parfaitement ce que c’est, l’otage se met, au bout d’une période plus ou moins longue à développer des sentiments d’empathie ou même d’amour envers son geôlier. Comment aimer, en effet, un être ayant – délibérément, ou peut-être, s’il était occupé à autre chose au moment où les câbles électriques ont été inventés, par pure paresse, en déléguant son travail à un sous-fifre farceur ou tout simplement imbécile – pu concevoir des objets aussi mesquins, sinon à cause de cette pathologie psychiatrique ?
CQFD, et TEDLT.
Si tu ajoutes que, Dieu étant habituellement représenté vivant dans de quelconques Cieux, il s’apparente alors à un extraterrestre, dont l’existence n’a pas plus été scientifiquement prouvée que, pour choisir, celle des licornes – au passage, le fait que Dieu soit une licorne expliquerait l’attitude hautaine des chevaux – tu te retrouves face à une pathologie légèrement différente, que l’on pourrait appeler « Syndrome de Stockholm imaginaire », dans laquelle le malade se sent jugé à tout moment par un bourreau qui n’existe pas. La découverte de cette maladie, tu t’en rends bien compte, ne suffira pas à assurer ton entrée au Collège de France, mais, si elle pouvait être soignée, cela pourrait sans doute rendre le monde un peu meilleur.