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22 août 2014 5 22 /08 /août /2014 12:31

Tu le sais depuis longtemps ; à toi seul, tu seras à l’origine d’un mot. Il ne te reste qu’à l’inventer.

Tu n’as pas encore fait ton choix ; plusieurs possibilités s’offrent à toi. La plus évidente est « photodébile », mais les bons penseurs risquent d’y voir une atteinte au politiquement correct. « Photomédiocre » est une autre alternative, qui ne te réjouit qu’à moitié. Il y a aussi, tout simplement, « photolaid ». Quoi qu’il en soit, le futur antonyme de « photogénique », quand il sera choisi, te décrira parfaitement.

Lorsque, par inadvertance, un miroir croise ta route, et que tu pousses ta vanité jusqu’à t’y contempler, ce que tu y vois, bien que loin de provoquer ta joie, reste relativement convenable – à condition de ne pas avoir des canons de beauté trop précis, bien sûr. En revanche, dès que tu te retrouves sur une photo, le résultat est inévitablement horrible : une allure contre-nature (et délicate à visualiser)de baleineau simiesque – tes bras semblant dotés d’une volonté d’aller dans des directions opposées à ce qu’ils devraient faire –, des formes flasques et comme figées dans des positions inacceptables pour la physique, un regard torve – en général, un œil est quasiment fermé alors que l’autre pointe ailleurs, comme perdu –, une bouche toujours tordue dans un rictus digne de Quasimodo, voilà ce qui ressort de toutes les tentatives photographiques te concernant. Et cela ne date pas d’hier : tout petit, déjà – tu te souviens avec épouvante d’une photo de communion dans laquelle tu ressembles à un mélange entre Luke Skywalker jeune et une bougie dégoulinante – tu étais photolaid.

Ce qui est nouveau, dans tout cela, c’est qu’aujourd’hui, en plus de ces tares récurrentes, tu es vieux.

Récemment, tu as eu affaire à certains tirages (qui, pour le bien-être de tous, resteront à jamais virtuels – tu ne remercieras jamais assez la photo numérique), qui, bien que pris sous le soleil implacable des tropiques, en plus de n’être pas à ton avantage, te donnaient une allure de septuagénaire relativement bien conservé, le genre de vieux laid, barbe blanche et traits flous, qui essaie de donner bravement le change tout en sachant qu’il n’y arrivera pas. Tu ne sais pas si c’est ta photomédiocrité ou juste le fait que tu étais affublé d’un tee-shirt de baignade ultra-moulant d’un blanc immaculé, mais tu peux promettre à tes lecteurs que cette vision d’horreur dépassait celle de la coupe de cheveux de n’importe quel footballeur.

Mais cela n’a pas que des inconvénients : tu vas de ce clavier écrire à D’Ormesson pour lui proposer un nouveau mot pour le Dictionnaire de l’Académie.

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