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4 septembre 2014 4 04 /09 /septembre /2014 22:40

Tout d’abord, c’est un livre qui parle d’une rivalité. Celle entre deux milliardaires new-yorkais, anciens amis à Harvard, qui ne sont plus vraiment amis depuis que l’un d’eux (appelons-le M – comme Méchant) est persuadé que l’autre (que nous appellerons G – comme Gentil, même s’il ne l’est pas trop, en fait) a tué sa femme, vingt ans auparavant, en tirant avec une carabine dans le pneu de sa voiture (gardez à l’esprit qu’il est ici question de milliardaires). Tirer dans le pneu d’une voiture, reconnaissons-le, n’est pas forcément le meilleur moyen de tuer quelqu’un. Il aurait pu, puisqu’il est visiblement très bon tireur, viser directement la tête. Quoi qu’il en soit, l’enquête a conclu à un accident – la voiture passant près d’un stand de tir, on a pensé à une balle perdue.

M, donc, 20 ans après, au moment où G va inaugurer son extraordinaire building sur Fifth Avenue, décide de se venger. Pour cela, il demande à un tueur à gages de s’introduire sur le toit dudit building pour y poser trois petites bombes, visiblement destinées à rendre inutilisables les projecteurs situés sur le toit. La vengeance réussit, mais, comme on pouvait s’en douter, tout le monde s’en fout, un peu comme s’il avait balancé une tranche de pain de mie du 55ème étage.

Mais ce n’est pas fini, loin de là. Le machiavélisme de M, après toutes ces années, ne connaît aucune limite. Il demande donc à son tueur à gages (les milliardaires, on le verra, ont tous à leur disposition des tueurs à gages) d’aller pirater les ordinateurs de G pendant la soirée d’inauguration. Bon, là ça ne marche pas vraiment, puisque la fille de G – que nous appellerons H sans aucune raison, qui travaille pour lui, rentre elle aussi dans l’appartement pour une raison quelconque. Le tueur pourrait la tuer, mais, pour une raison là aussi quelconque, il ne le fait pas. Mais ensuite, R, la sœur rebelle (il y a toujours une sœur rebelle dans les histoires de milliardaires) arrive elle aussi dans l’appartement avec l’ex-petit ami de H, et ils commence à mutuellement s’entreprendre. Lorsqu’ils pénètrent dans la chambre, sous les yeux de la chatte de la maison – qui s’appelle Isobel –, le tueur à gages, qui a hérité du machiavélisme de M, s’empresse d’aller dire à H que R veut lui parler. Evidemment, H tombe sur R chevauchant son ex-boyfriend, et cela ne lui plaît pas du tout. Elle redescend demander au tueur si c’est vraiment sa sœur qui lui a demandé de monter. Il acquiesce avec le sourire en coin du machiavélique. Pendant ce temps, l’ex, un peu énervé, commence à tabasser R, puis s’en va. R, quant à elle, se fâche avec son père et décide de trouver du travail.

A ce stade du récit, il convient de signaler que M a un fils, F, qui est à la fois écrivain célèbre ET acteur à succès (une sorte de Bret Easton Pitt) ; cependant, comme nous sommes aux USA, où les journalistes respectent la vie privée des gens célèbres, personne ne sait que F est le fils de M. Ils ne se sont pas vus depuis 15 ans. Tu peux également en profiter pour introduire D, le meilleur ami de G, dont personne – sauf M bien sûr, dans son machiavélisme omniscient – ne sais qu’il est A LA FOIS homosexuel et drogué – et lorsque tu écris « à la fois », tu veux dire qu’il pratique ses activités d’homosexuel et de drogué en même temps ; le reste du temps, il se tient plutôt bien, et est proche de R.

L’histoire vous paraît embrouillée ? C’est très loin d’être fini. F est ruiné (ne dites pas que c’est impossible puisqu’il a à la fois les revenus de Brett et ceux de Brad). Du coup, M, allant toujours plus loin, a engagé à Los Angeles un faux mafieux pour lui faire un prêt – sachant que, puisqu’il ne l’a pas vu depuis 15 ans, c’est logiquement vers lui qu’il reviendra lorsque le faux mafieux menacera de lui casser les jambes. Les jambes cassées, c’est ce qui arrive à l’ex, parce que R, en sa qualité de rebelle, était autrefois sortie avec le fils d’un parrain de la Mafia qui a accepté de lui donner un coup de main – ou, dans ce cas, de batte de base-ball. Du coup l’ex, qui a aussi ses relations, appelle un tueur pour faire sauter le caisson de R ; mais le tueur la trouve si belle qu’il lui laisse son revolver pour qu’elle le fasse elle-même car ce serait plus simple pour tout le monde. Pendant ce temps-là, le tueur de M tue le chien de F, et M engage un psychopathe pour faire semblant de vouloir tuer F – mais le psychopathe devient évidemment incontrôlable et veut vraiment tuer F, lequel entre-temps a commencé à écrire un manuscrit en ayant soudain l’idée que, puisqu’il est un auteur à succès, il lui suffirait de montrer quelques pages à son éditeur pour obtenir une avance et ainsi éviter d’obéir à son père ; heureusement, après que le psychopathe a lu le début du manuscrit – qui, d’une manière totalement inconcevable, est exactement l’incipit du roman que tu es en train de lire – et y a mis le feu, ainsi qu’à tout l’appartement de F, celui-ci réussit à tuer le psychopathe, aidé par le tueur à gages.

Il est ici nécessaire de faire un petit retour en arrière : M, toujours plus machiavélique, a profité d’une soirée sur un bateau où D, séduit par un serveur à sa solde, est parti s’isoler dans une chambre pour pratiquer ses activités de drogué homosexuel, pour filmer ses ébats ; puis il l’a fait chanter, notamment pour qu’il convainque R de venir le voir ; il lui a offert un poste à responsabilités, qu’elle a accepté pour embêter son père. Mais, de manière totalement incroyable, il a également demandé à son fils de bien vouloir séduire R et l’épouser.

Ce qu’après avoir été sorti de son appartement en flamme, et alors que R a demandé à son ami mafioso de s’occuper du tueur envoyé par l’ex, il s’empresse de faire – à Monte-Carlo où, comme chacun sait, on peut se marier un peu comme à Las Vegas.

C’est là que tu as commencé à décrocher.

De ce que tu es arrivé à lire ensuite, il ressort que H a trouvé l’Amour avec le remplaçant de son ex dans la boîte de G ; elle lui demande de l’accompagner à la soirée sur le bateau, même si elle sait que les soirées c’est pas son truc (il est plutôt tranquilou comme type). Il accepte seulement si elle l’accompagne le lendemain faire du saut à l’élastique. Et là, tu te dis clairement What the Fuck ? Des milliardaires new-yorkais qui pratiquent le saut à l’élastique le weekend ? Mais tu avoues que tu ne t’attends pas à la suite – et ce n’est pas un compliment. Lorsqu’ils arrivent au lieu du saut, elle veut sauter avec un bandeau sur les yeux. Le responsable du saut se demande (POURQUOI ?) si ce n’est pas dangereux de sauter avec un bandeau sur les yeux : personne n’a jamais sauté avec un bandeau sur les yeux. C’est alors qu’arrive le tueur à gages, qui propose de sauter avec un bandeau sur les yeux. H, qui lui a parlé plusieurs fois à la soirée d’inauguration, ne le reconnaît pas – il porte des lunettes de soleil, qu’il n’enlève sans doute pas pour mettre le bandeau.

Pour faire vite, le tueur saute, H saute ensuite, ils sont sur un bateau au-dessous du pont avec un employé, le tueur s’arrange pour faire chavirer – comment ? – le bateau, puis, après avoir envoyé l’employé chercher des secours, et alors que le nouveau boyfriend de H saute à son tour lorsqu’il voit que sa dulcinée est en danger, il réussit à traîner H au fond de l’eau, à lui attacher la corde de l’ancre autour de la taille, et à se barrer. Lorsque le boyfriend a fini de rebondir dans les airs, H est noyée.

Rappelons que le tueur aurait eu la possibilité de tuer H au premier chapitre, alors qu’il était seul, armé, avec elle dans un appartement au soixante-dixième étage d’un building ; mais il a préféré la tuer sous les yeux de nombreux témoins, avec un plan qui impliquait qu’elle veuille sauter avec un bandeau sur les yeux – sans quoi, elle aurait sauté, le boyfriend aurait sauté, et il aurait été marron.

Pour tout dire, ce n’est même pas à ce moment-là que tu as décidé, pour la première fois de ta vie, d’abandonner un livre en cours de lecture ; mais quand tu as constaté, alors que le boyfriend disait aux parents de H qu’elle avait été assassinée et que, contrairement ce que disait sa mère, le saut à l’élastique n’était pour rien dans sa mort, que le chat de la maison s’appelait maintenant Isadora.

Ce qui prouvait définitivement que tu n’étais pas le seul à être perdu.

 

 

Tu tiens bien entendu à disposition des lecteurs intéressés le titre du livre, ainsi que son auteur.

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